17/06/2025
Depuis le printemps 2025, les règles du jeu changent pour les acteurs de la formation et de l’insertion. Porté par l’État, un nouveau cap stratégique vise à mieux répondre aux besoins du marché du travail tout en exigeant davantage de résultats tangibles. Ce virage s’appuie sur une série de réformes réglementaires et budgétaires qui redessinent en profondeur le fonctionnement du secteur.
Le gouvernement veut en finir avec les approches trop théoriques ou trop déconnectées des réalités économiques. Trois priorités sont posées :
Favoriser l’accès durable à l’emploi,
Aligner les compétences formées avec les attentes des employeurs,
Maîtriser les dépenses publiques en exigeant plus d’efficacité.
Cette nouvelle philosophie, qui valorise la preuve plutôt que la promesse, commence déjà à se concrétiser dans les textes.
Depuis le 6 juin, un nouveau décret encadre l’enregistrement des titres et diplômes au RNCP. En vigueur dès octobre, il introduit plusieurs garde-fous :
Un seul groupe test suffit pour déposer une demande, mais le contenu est passé au crible : écologie, moyens matériels, originalité des contenus…
Les partenariats sont mieux cadrés : obligations formalisées, responsabilités clarifiées, sanctions renforcées.
Les contrôles se multiplient : France compétences pourra intervenir sur dossier, avec une nouvelle grille de sanctions allant jusqu’à l’exclusion en cas de faute grave.
Le label qualité actuellement en vigueur, Qualiopi, est critiqué pour son manque de fiabilité dans la sélection des organismes performants. L’idée n’est plus d’évaluer seulement les moyens mis en œuvre, mais de mesurer concrètement l’impact des formations sur la trajectoire des apprenants.
Un nouveau système de certification pourrait voir le jour, avec des indicateurs de performance et de retour à l’emploi intégrés.
À compter du 1er juillet 2025, les CFA qui proposent des parcours avec plus de 80 % d’enseignement en ligne devront s’attendre à une baisse de 20 % des aides financières publiques. L’administration veut ainsi favoriser les formations hybrides ou présentielles, jugées plus efficaces et mieux encadrées.
Pour répondre aux enjeux démographiques, un ensemble de mesures ciblant les seniors a été proposé début mai. Parmi elles :
Un nouveau type de contrat à durée indéterminée pour faciliter les embauches des quinquagénaires,
Et un dispositif de valorisation de l’expérience acquise, qui rendrait plus simple et lisible la reconversion professionnelle en fin de carrière.
Par ailleurs, les partenaires sociaux négocient une réforme de la reconversion professionnelle, pour rendre les parcours plus souples, plus rapides et davantage modulables.
Les fraudes au compte personnel de formation (CPF) continuent de faire l’objet d’une vigilance accrue. Une nouvelle proposition de loi permet désormais :
De bloquer instantanément les financements en cas de suspicion,
Et de renforcer la coopération entre les différentes autorités de contrôle.
Les organismes doivent donc redoubler de prudence dans la gestion de leurs partenariats, et sécuriser chaque étape de leur processus administratif.
En parallèle, les audits se généralisent. France compétences, la Caisse des Dépôts, l’IGAS ou encore les DREETS se coordonnent pour inspecter de manière régulière et ciblée les acteurs de la formation.
À titre d’exemple, 1 000 organismes seront audités en 2025 rien que sur le CPF, preuve que les contrôles deviennent une norme, et non plus une exception.
Un nouveau modèle s’installe : plus exigeant, plus transparent, plus tourné vers les résultats.
Les professionnels du secteur sont invités à revoir leurs pratiques, à mieux documenter leur efficacité, et à renforcer leur conformité. Dans cet environnement transformé, seules les structures capables de démontrer leur utilité réelle et leur sérieux opérationnel tireront leur épingle du jeu.
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